Thomas Ebbesen, Professeur à l’Université de Strasbourg depuis 1996, rejoint le laboratoire ISIS créé par Jean-Marie Lehn dont il prend la direction de 2005 à 2012 et puis directeur de l’Institut d’études avancées, USIAS. Norvégien, Thomas Ebbesen a eu au cours de sa carrière un parcours atypique. Après un Bachelor à l’Université d’Oberlin (USA), il poursuit des études en France, à l’Université P. & M. Curie et soutient un doctorat en photochimie physique en 1980. Il rejoint ensuite au Notre Dame Radiation Laboratory (USA), période (1981-1988) durant laquelle il effectue de longs séjours au Japon. C’est à l’occasion d’un de ses voyages, qu’il visite la société NEC qui le recrute dans son laboratoire de recherche fondamentale en 1988. Il le quitte en 1996. Il a partagé le prix Europhysics (2001), a reçu le Prix France Telecom de l'Académie des Sciences (2005), le Prix Quantum Electronics and Optics de la Société Européenne de Physique (200g) et a récemment reçu le prestigieux Prix Kavli (2014). Il est membre de l'Institut universitaire de France (IUF), de l'Académie des Sciences et des Lettres de Norvège et membre étranger de l'Académie des Sciences ainsi que de l'Académie Royale Flamande de Belgique. |
Chez NEC au Japon, puis à Princeton, son intérêt se porte sur les nanomatériaux à base carbone tels que les nanotubes, le fullerène et le graphène. NEC devient à cette époque le centre de recherche phare dans le domaine des nanotubes de carbone. Thomas Ebbesen met en évidence pour C60 dopé au rubidium un état supraconducteur à 33 K, constituant un record pour un système moléculaire, et développe une première méthode de synthèse de nanotubes. Pour ses travaux précurseurs sur les propriétés mécaniques et électroniques exceptionnelles de nanotubes de carbone, (prestigieux prix Europhysics Agilent en 2001 partagé avec S. Iijima, prix Kavli en Nanoscience, C. Dekker et J. McEuen).
A cette époque, s’intéressant aux interactions lumière-matière, il découvre fortuitement la transmission optique extraordinaire, très surprenante, à travers « de tamis à photons », faits de réseaux de trous sub-longueur d’onde. Les résultats seront publiés quelques années plus tard lorsqu’il aura mis en évidence l’influence des plasmons de surfaces.
Après des années passées au Japon et aux Etats-Unis, le souhait de s’attaquer à de nouveaux défis conduit Thomas Ebbesen à rejoindre l’Université de Strasbourg. Il y poursuit ses recherches sur l’interaction lumière-matière et la transmission extraordinaire. Deux articles publiés sur le sujet dans la revue Nature, cités chacun plus de 4000 fois, attestent de la reconnaissance exceptionnelle de Thomas Ebbesen par ses pairs.
Ces travaux ont donné un élan remarquable à la plasmonique et aux applications en optique au sens large, de l’optoélectronique pour l’éclairage au transfert de l’information tout optique, jusqu’aux nouvelles perspectives de capteurs biomédicaux. Thomas Ebbesen est d’ailleurs à l’origine de la série de conférences internationales « Surface Plasmon Photonics » qui est la plus importante conférence sur le sujet.
Au-delà de ces travaux pionniers en optique, Thomas Ebbesen a été un véritable catalyseur entre différentes communautés scientifiques en ouvrant des domaines d’applications insoupçonnés, comme le montre l’accroissement exponentiel des travaux en plasmonique. (prix France Télécom de l’Académie des Sciences en 2005 et le prix Quantum Electronics and Optics de la Société européenne de physique).
Ses travaux ont un impact scientifique et technologique considérable, plus de 30 brevets et une création de start-up n-Tec, Norvège.
Récemment, Thomas Ebbesen a profité de son expérience sur l’interaction lumière-matière pour démarrer un nouvel axe de recherche, sur le couplage fort lumière- molécules en vue d’exploiter les changements des propriétés induites dans les matériaux. Les champs d’applications pourraient concerner des domaines variés tels que l’électronique moléculaire et la chimie sélective. Il s’agit là d’un nouveau défi, pouvant impacter de larges domaines sociétaux.
Scientifique hors pair, approchant des champs disciplinaires très variés que lui permet une culture scientifique d’une richesse exceptionnelle, Thomas Ebbesen est l’objet d’une importante considération internationale et d’un immense respect de la part de ses collègues étrangers… et norvégiens.
Paul-Antoine Hervieux (vice-président délégué de l'Université de Strasbourg) - Thomas Ebbesen (lauréat)
Article posté le 30/10/2014