En France, la gestion des substances radioactives de différentes origines, (substances ou matériaux issus du fonctionnement des centrales nucléaires pour une large part, mais aussi éléments à usage industriel ou à des fins médicales ou de recherche), est étroitement encadrée par la Loi qui impose un traitement particulier dépendant de leur type spécifique. Ainsi les substances sont-elles classées en différentes catégories selon leur niveau de radioactivité, et aussi leur durée de vie.
En 2019 s’était tenu un débat public à la suite duquel ont été annoncées le 21/02/2021 les grandes orientations de la cinquième édition du PNGMDR. Avant l’adoption définitive de ce plan, une consultation post débat public a été ouverte jusqu’au 13 avril 2021. C’est dans ce cadre que la Société Française de Physique a souhaité s’exprimer sur le sujet en déposant sur le site du débat public un cahier d’acteur.
Des physicien·ne·s sont naturellement très impliqués dans les différents programmes de recherche fondamentale, et de recherche et développement en cours sur la gestion des déchets et le recyclage des matières nucléaires valorisables. La SFP se trouve ainsi directement concernée par ce PNGMDR, au travers de sa division physique nucléaire et de sa commission énergie & environnement, qui s’associent pour présenter cet avis et entendent animer et poursuivre la discussion au sein de la communauté scientifique autour de cet important sujet de société.
Cette prise de position concerne notamment les différentes façons de traiter les déchets hautement radioactifs à longue durée de vie produits par l'actuel cycle industriel déployé dans nos centrales nucléaires. Actuellement, ces déchets sont en partie retraités pour être réutilisés dans les centrales et sinon entreposés dans des piscines. La solution pérenne proposée par l'ANDRA est un stockage géologique très profond prévu pour pouvoir durer plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'années. Ce stockage doit-il également être réversible? Quel impact aurait un changement du cycle de combustible nucléaire sur ce type de déchets ? Quelle relation avec un éventuel développement de nouveaux réacteurs de quatrième génération à neutrons rapides ou à sels fondus ? et/ou une transformation des déchets dans des centrales dédiées pour éliminer les composantes à très longue durée de vie ? Les différentes solutions, qui ne sont pas incompatibles avec le stockage profond, doivent s’envisager sur le temps long et nécessitent encore beaucoup de R&D.
Il est de notre rôle de société savante de donner sur ce sujet sensible un point de vue scientifique et prônant une vision à long terme, articulant recherche fondamentale et politiques énergétiques. Cet avis s’inscrit logiquement dans la continuité de celui exprimé à propos du dernier renouvellement de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. Il témoigne de l'engagement de la SFP sur les questions énergétiques au-delà du nucléaire. Il rejoint aussi dans son esprit la démarche des académies des sciences et des technologies avec leur cahier d’acteurs déposé lors du débat public de 2019.
Article posté le 04/05/2021