Décerné depuis 1957, le Prix Langevin est destiné à récompenser un travail remarquable réalisé en physique théorique.
Il est attribué par rotation à des physiciens théoriciens travaillant dans trois grandes thématiques couvrant toute la physique et correspondant aux regroupements de plusieurs divisions :
1) Physique des particules et théorie des champs, physique nucléaire, astroparticules, cosmologie et astrophysique
2) Physique de la matière condensée, physique statistique, physique et vivant
3) Physique atomique et moléculaire, physique des plasmas et chimie physique
La thèmatique pour l'année 2015 fut "Physique des hautes énergies, physique nucléaire, astroparticules, cosmologie, astrophysique"
Le jury a estimé que cette année, non pas un mais deux candidats étaient à tout point de vue excellents et de plus complémentaires : l’un utilise QCD dans ses aspects collectifs à haute énergie (plasma de quarks et gluons dans les collisions de noyaux au LHC notamment), l’autre dérive de QCD une théorie effective à basse énergie qui renouvelle notre regard sur le noyau et offre des nouvelles pistes de recherche.
En récompensant ces deux candidats du Prix Langevin, qui n’a pas été attribué depuis plusieurs années, la SFP s’enorgueille de mettre la lumière sur des développements et applications autour de la chromdynamique quantique réalisés par des chercheurs en France très talentueux et prometteurs. Ces travaux ont en effet des applications dans les trois champs : physique des particules (plasma des quarks et gluons), physique des noyaux (théories effectives) et astrophysique (étoiles à neutrons).
François Gelis, 44 ans, est un jeune physicen théoricien brillant travaillant à l’Institut de Physique Théorique, CEA/CNRS. Le travail de recherche de François Gélis est centré sur la chromodynamique quantique, théorie microscopique des interactions fortes, et plus spécifiquement sur la compréhension des collisions nucléaires et hadroniques à hautes énergies. Ce travail de fond, sur un sujet extrêmement ardu nécessitant la mise en œuvre d'outils novateurs en théorie quantique des champs à fort couplage, hors équilibre et à température finie, est caractérisé par sa profondeur, sa variété et sa solidité. Les contributions de François Gélis au domaine sont particulièrement reconnues par la communauté ; en particulier, son travail récent sur la thermalisation rapide dans le plasma quark/gluons résultant de la collisions d'ions lourds, système difficile à étudier en raison de sa forte densité, a suscité une activité importante dans de nombreux groupes de recherche. Ce travail de recherche a donné lieu à un nombre de publications, dont un grand nombre abondamment citées, très important (68 articles publiés).
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La compétence et la reconnaissance des travaux de François Gelis sont mesurables au travers de ses nombreux exposés lors de conférences internationales et de son réseau important de collaborateurs dans de nombreux pays. Il a par ailleurs obtenu la médaille de bronze du CNRS en 2003, a déjà encadré plusieurs thèses et postdocs, et organisé un nombre significatif de congrès et d'écoles tant en France qu'à l'étranger. Sa candidature est particulièrement appuyée par une lettre de Larry McLerran, senior scientist à Brookhaven, le plaçant parmi les deux ou trois meilleurs jeunes chercheurs, dans le domaine, des quinze dernières années.
Ubirajara van Kolck (53 ans) a fait sa thèse aux USA, sous la direction de S. Weinberg, après des études au Brésil. Après plusieurs séjours post doctoraux aux Etats-Unis, il est ensuite recruté en 2000 à l’Université d’Arizona comme assistant au professeur et il occupe successivement les postes de professeur associé et de professeur. A la suite de S. Weinberg, il a contribué de façon majeure aux développements des théories effectives des champs en physique nucléaire. Il est l’auteur de travaux pionniers très connus dans ce domaine, e.g. la construction d’interactions nucléaires réalistes sur la base des symétries de QCD et d’une hiérarchie d’approximations, le calcul des propriétés des noyaux légers en termes de ces mêmes interactions, ou encore une description modèle indépendante des noyaux à halos. U. van Kolck est sans conteste un des acteurs les plus en vue de l’un des secteurs les plus dynamiques de la physique nucléaire théorique moderne. |
Depuis son arrivée en France en 2012 au CNRS (Directeur de Recherche à l’IPN Orsay, Université Paris Saclay), U. Van Kolck développe les théories effectives des champs avec violation de parité. Ses résultats ont contribué à définir le programme expérimental de mesure des moments dipolaires des ions légers. Il est aussi un infatigable animateur scientifique, un généreux encadreur de jeunes (étudiants en thèse comme post doctorants) et contribue de façon majeure aussi à la vie scientifique nationale.
Jury 2015 :
Sandrine Emery (IRFU, CEA) - Vice-Présidente de la division Champs et Particules Fabrice Hubaut (CPPM-Marseille, CNRS) - Lauréat du Prix Joliot-Curie 2013
Dan Israel (LPHTE Paris ) (Physique théorique, UPMC)
Sotiris Loucatos (IRFU,CEA - APC Paris)
Marios Petropoulos (CPHT) (Physique Théorique, CNRS)
Jan Stark (LPSC Grenoble, CNRS) - Lauréat du Prix Joliot-Curie 2013
Guy Wormser (LAL Orsay) (président, CNRS) - Président de la division Champs et Particules
Christophe Yèche (IRFU, CEA) - Lauréat du Prix Joliot-Curie 2013
Anciens lauréats :
Article posté le 15/06/2016