Atelier du Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Matière organisé pour l’Espace de Structure et réactions Nucléaires Théorique
CEA Saclay... (Orme des Merisiers, Batiment 703, salle 135)
L’objectif récurrent des ateliers proposés par les philosophes du LARSIM aux physiciens de l’ESNT est de mener sur le long terme une réflexion portant sur les fondements et les pratiques de la recherche en physique dans le but d’en questionner le mode opératoire.
Cette année, la session se propose de nourrir la réflexion des physiciens à propos de leur pratique de l’écriture scientifique, voire d’en explorer de nouvelles stratégies.
Les objectifs de l’atelier sont de
1. nourrir la reflexion des physiciens à propos de leur pratique de l’écriture scientifique,
2. envisager l’exploration de nouvelles stratégies d’écriture pour le physicien,
3. poursuivre sur le long terme une reflexion sur les fondements et les pratiques de la recherche.
Programme des Journées :
Lundi 11 janvier : La spécificité de l’écriture scientifique
La première journée est consacrée à cerner les enjeux de l’écriture scientifique.
Elle débute par une introduction du philosophe Vincent Bontems (Larsim-CEA), « Pourquoi la science s’écritelle ? », qui présente les grandes lignes de la problématique de l’écriture afin de questionner l’évidence et la transparence de ce concept dans la pratique scientifique.
L’exposé du philosophe Charles Alunni (ENS) : « L’écriture mathématique comme technogramme » présente ensuite des propriétés remarquables de l’écriture mathématique, notamment comment les caractères algébriques se présentent parfois comme des « métaphores prises à la lettre », comment l’évolution historique du formalisme manifeste une tendance à la « compactification » et comment l’écriture échappe à la linéarité supposée de la langue au profit d’un fonctionnement diagrammatique.
Après quoi, le sociologue Vincent de Gaulejac (Paris 7) achève la matinée en traitant de « Trajectoires savantes et choix d’écriture » à partir de l’expérience accumulée dans son séminaire « Histoire de vie et choix théoriques » autour des questions de l’implication du chercheur dans ses écrits, du rapport entre objectivité et subjectivité, de la neutralité et de l’engagement ou encore de l’écriture de soi dans l’écriture scientifique.
L’après-midi reprend avec l’intervention de l’historienne Caroline Ehrhardt (Paris 8), « Les réécritures des travaux et de la figure d’Evariste Galois », qui met en évidence le long processus de reformulation des écrits du mathématicien précocement disparu en même temps que la construction de sa figure quasi-légendaire de
visionnaire dans la mémoire savante.
Enfin, la journée aboutit à une discussion des enjeux de l’écriture dans le travail du physicien théoricien avec le physicien Kirone Mallick (IPHT-CEA).
Mardi 12 janvier : Écriture et réflexivité dans les sciences (sociales)
La seconde journée porte sur la réflexivité dans l’écriture des sciences humaines et sociales.
Le philosophe Vincent Bontems (Larsim-CEA) introduit à nouveau la journée avec un exposé sur « La réflexivité en épistémologie, en histoire et en sociologie » qui compare les formes diverses que prend le contrôle réflexif dans l’écriture ses disciplines qui étudient les sciences mathématisées.
L’historien Patrick Garcia (IHTP-CNRS) aborde, à travers une réflexion sur « Les enjeux de l’ego histoire », les rapports de l’écriture, de la subjectivité et de la réflexivité en histoire.
Le sociologue David Pontille (CSI-Mines ParisTech) analyse la diversité et les contrastes des « Formats d’écriture scientifique » selon les disciplines.
En début d’après-midi, l’exposé du sémioticien François Rastier (CNRS) sur « Les nouvelles observables des textes théoriques » présente les outils conceptuels de la sémiotique/sémiologie permettant d’analyser la production scientifique en tant que « textes ».
Enfin, la journée s’achèvera par une table ronde examinant les possibilités de transposition de ces analyses à la physique et à ses sous-champs disciplinaires.
Mercredi 13 janvier : Peut-on écrire autrement en physique ?
La troisième journée interroge la possibilité d’écrire autrement en physique.
Elle commence par un exposé de l’astrophysicien Laurent Nottale (Luth-CNRS) sur « Comment écrire une autre physique ? » qui présente comment sa propre entreprise théorique (la théorie de la relativité d’échelle) impose des innovations dans l’écriture aux plans du formalisme comme de l’argumentation et comment celle-ci s’expose à l’incompréhension quand elle est évaluée selon les normes standards.
La journée se poursuit avec une intervention de Michael Bon (CEA) sur « L’autoédition scientifique » où il présente la plateforme « Self Journal of Science » qu’il a développé et les nouvelles modalités qu’elle offre pour écrire collectivement la science d’aujourd’hui.
En début d’après-midi, le physicien Franck Laloë (LKB-CNRS), qui a été à l’origine de HAL, nous présente le fruit de son expérience sur la conservation numérique de l’écriture scientifique ainsi que sa propre réflexion sur la manière adéquate d’écrire la mécanique quantique.
Enfin, la journée se clôt avec une discussion sur les transformations actuelles de l’écriture scientifique avec l’éditeur de European Physical Journal, Christian Caron.
Jeudi 14 janvier : Comment traduire la science hors de son champ?
La quatrième journée s’intéresse aux traductions possibles de la science hors de son champ.
Le journaliste scientifique Luc Allemand, ancien rédacteur en chef de La Recherche, présente dans son exposé « Écrire pour une revue de vulgarisation » les conditions théoriques et pratiques de la traduction de l’information scientifique vers le grand public.
La philosophe Alexeï Grinbaum (Larsim-CEA) propose, dans son exposé sur « La science par ses homologies », une analyse des ressources des mythes, des analogies et autres tropes spéculatifs.
Le compositeur François Nicolas (IRCAM/ENS) expose les règles de l’écriture musicale et tire parti de son expérience au séminaire « Mamuphi » pour éclairer les analogies et les contrastes entre « Les mutations de l’écriture en science et en musique ».
La journée s’achève par une discussion avec Etienne Klein sur « Explicitations, métaphores et analogies : quelles contraintes formelles pour traduire la science ? ».
Vendredi 15 janvier : "Atelier" d’écritures
La journée s’ouvre par une présentation à deux voix de Vincent Bontems (Larsim-CEA) et Roland Lehoucq (SAp-CEA) : « Le design en physique : l’exemple des idées noires » qui soulignera de façon épistémologique et métaphorique la spécificité et l’évolution de la qualification « noir » en physique.
Elle se prolonge par un atelier dirigé par Thomas Duguet (SPhN-CEA) destiné à explorer de nouvelles formes d’écriture scientifiques afin de ne pas transmettre uniquement les résultats de la science mais aussi les méthodes et les réflexions ouvertes qui en accompagnent la production et la formalisation.
Journée organisée par S. Panebianco (SFP) , V. Bontems et T. Duguet
Pour y assister, s'inscrire en envoyant un message à thomas.duguet[a]cea.fr
Article posté le 09/12/2015