Monsieur le Ministre de l'Education Nationale et de la Jeunesse,
La Société Française de Physique et les sociétés savantes signataires relèvent avec surprise et déception, comme l'Académie des Sciences et l'Académie des Technologies, la décision prise par le Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse de supprimer la seule heure d'enseignement de technologie en 6eme au profit d'un enseignement renforcé en français et en mathématiques. Si nous entendons bien que la question de la faiblesse croissante en mathématiques des élèves français doit être traitée efficacement, nous jugeons en revanche que le faire au détriment de leur formation technologique est une mesure mal adaptée.
Alors même que le MENJ développe des actions pour revaloriser la voie technologique, la suppression de la technologie en sixième renforce les préjugés selon lesquels ce serait une discipline de second plan et les lycées technologiques une voie secondaire. Le monde moderne fait face à toute une palette de défis sociétaux majeurs (santé, climat, énergie, transports) qui pourront trouver des réponses certes par des évolutions des comportements mais pour lesquels des solutions issues de la science et de la technologie sont également nécessaires.
La France éprouve d’ores et déjà des difficultés pour recruter les techniciens et ingénieurs dont ses entreprises ont besoin or, pour inciter les jeunes à s’engager dans ces voies de formations professionnelles, ils doivent pouvoir les appréhender le plus tôt possible avec un enseignement de qualité. Par ailleurs, priver les élèves de sixième d’une initiation à la technologie à un âge où le goût des sciences et des technologies peut le mieux se transmettre apparaît d’autant plus contreproductif que les derniers tests internationaux montrent un besoin fort de formation des élèves français en sciences et technologie dans un contexte où nos élèves de CM1 sont classés dernier au niveau européen et se trouvent en classe de quatrième juste avant Chypre et la Roumanie, obtenant un score de 489 alors que la moyenne internationale est à 515 dans ces disciplines (TIMMS 2019). Les sociétés signataires demandent donc expressément au ministère de reconsidérer la décision de la suppression de l'heure de technologie en 6ème et sont ouvertes à la discussion avec lui pour envisager des solutions alternatives permettant de préserver l'enseignement technologique tout en consolidant le niveau en mathématiques des élèves.
Daniel Rouan,
Président de la Société Française de Physique
Pour les Sociétés Savantes Signataires :
Association Française de Mécanique
Association pour la Recherche en Didactique des Sciences et des Technologies
Société Chimique de France
Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe
Siècles Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique
Société Française de Myologie Société Française de Physique
Article posté le 10/05/2023