Deux bénévoles actifs de la SFP élus à l'Académie des Sciences

Jacqueline Bloch et Denis Gratias ont été élus à l’Académie des Sciences le 19 décembre 2019, dans la section de physique. 

L’Académie des sciences s’adapte au rythme soutenu des avancées de la science en élisant régulièrement de nouveaux membres. Elle s’assure ainsi une couverture la plus large possible de l’ensemble des domaines scientifiques, y compris les plus émergents, et nourrit la richesse des débats et travaux au sein de ses groupes et comités. Au début des années 2000, elle a par ailleurs fait évoluer ses statuts, pour lui permettre de rajeunir son effectif : lors de chaque session d’élection, 50% au moins des nouveaux membres ont moins de 55 ans. L'Académie compte à ce jour 284 membres, 115 associés étrangers et 70 correspondants.

Les deux nouveaux membres élus de la section "Physique" sont par ailleurs des membres actifs investis à la SFP.

 

Jacqueline Bloch est directrice de Recherches au CNRS. Brillante chercheuse au sein du laboratoire C2N (CNRS-Université Paris-Sud, Université Paris-Saclay), elle fut  lauréate du Prix Ampère de l’EdF 2019, Médaille d’argent du CNRS 2017 et lauréate du Prix Ricard 1975 de la SFP.

Physicienne expérimentatrice, experte en optique quantique et non-linéaire dans les semiconducteurs, Jacqueline Bloch s’intéresse au confinement ultime des  électrons et de la lumière dans des nanocavités semiconductrices et au couplage ultime entre lumière et matière.

Au sein de la SFP, Jacqueline Bloch est actuellement présidente du Comité Scientifique de son prochain Congrès Général, qui se tiendra à Lyon en juillet 2021.

Son parcours scientifique est exceptionnel et jalonné d'un très grand nombre de "premières mondiales", de découvertes d'effets nouveaux et spectaculaires de la physique des polaritons. Ces quasi-particules sont des bosons composites et peuvent donc occuper de façon macroscopique un même état quantique et former ainsi un condensat cohérent.

Avec l’équipe qu’elle dirige et ses collègues technologues, elle a développé des circuits photoniques originaux et montré l’intérêt des polaritons pour les dispositifs tout optiques, et réalisé des amplificateurs paramétriques (2006), des lasers à polaritons (2008), des diodes (2008), des dispositifs bistables (2008) ou encore des interféromètres à polaritons (2014).

Grace à son investissement déterminé et exceptionnel dans l'étude de la physique des polaritons et à l’excellence et l’originalité de ses travaux, son groupe se place au premier rang mondial dans ce domaine de la physique qui apparait aujourd’hui comme un système fascinant, à la frontière entre optique non-linéaire, physique atomique et physique mésoscopique . L'impact de ses travaux est attesté par les nombreuses collaborations recherchées par d'éminents expérimentateurs et théoriciens, en France et à l’étranger (Espagne, Italie, Israël, Allemagne, Royaume-Uni,…).

Elle participe activement à la gestion de la recherche, au niveau local dans son laboratoire, au niveau national au comité national du CNRS, au niveau international dans les panels de l'ERC. Renommée pour la clarté de ses conférences, elle fait bénéficier les étudiants de ses talents pédagogiques, en particulier à SupOptique et à l'Ecole polytechnique.

 

Denis Gratias est directeur de recherches émérite au CNRS et membre de l’Institut de Recherche de Chimie de Paris (Chimie-paris Tech); Il a reçu les Prix Jean-Ricard de la SFP 1999, la Médaille d'argent CNRS (1994), la Grande Médaille (SF2M 2014). Éminent spécialiste en science des matériaux et en cristallographie, Denis Gratias est correspondant à l’Académie des Sciences depuis 1994. Il a contribué à la découverte et à la description des quasi-cristaux, qui ont fait l’objet du prix Nobel de chimie 2011 (Dan Shechtman. Tecnion Haifa).

Denis Gratias est membre du comité sur l'enseignement des sciences de l'Académie des Sciences et de la commission Enseignement de la Société Française de Physique.  Depuis 2018, il est également membre du Conseil Supérieur des Programmes (loi 8 juillet 2013).

Il a enseigné à l'Ecole Polytechnique et à l'Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris (aujourd'hui Chimie-ParisTech)

Dès 1985, les laboratoires de la Direction des Matériaux de l'Onera se sont intéressés aux quasi-cristaux. S’en est suivie une collaboration très fructueuse entre l'Onera et Denis Gratias qui s’est développée sur différents matériaux quasi-cristallins. En 1999, Denis Gratias a rejoint le Laboratoire d’étude des microstructures (LEM), laboratoire mixte Onera-CNRS dont il en a pris la direction jusqu’en 2008 . Il y a poursuivi ses travaux sur la modélisation cristallographique des quasi-cristaux ainsi que sur la description de leurs défauts très particuliers.

Le choix de la commission du Nobel de 2011, de ne récompenser que le découvreur initial des quasi-cristaux en négligeant l’apport de l’interprétation théorique pour faire émerger un nouveau paradigme a ému fortement la Communauté scientifique française cette année-là.

Quel problème ? Au lieu d’être de symétrie 2, 3, 4 ou 6, comme tous les autres cristaux, la diffraction des quasi-cristaux est de symétrie 5, une configuration totalement interdite par la théorie ! Shechtman.  ne sait comment les interpréter. À l’été 1984, il montre ses travaux au physicien John Cahn, lequel les présente peu de temps après lors d’un séminaire à Santa Barbara (Californie) devant un parterre de chercheurs estomaqués, parmi lesquels figure Denis Gratias.

Fasciné par le paradoxe à résoudre, Denis Gratias trouve une partie de la solution. S’appuyant sur les travaux du mathématicien Harald Bohr, le frère de Niels, le célèbre physicien, sur ce que l’on appelle la quasi-périodicité, Denis Gratias a compris que, mathématiquement, il était tout à fait possible d’obtenir une diffraction de symétrie 5, c’est-à-dire sans la périodicité classique. Nous n’avions donc pas affaire à un matériau amorphe qui se comporte comme un cristal, mais à un cristal très particulier, dont le pavage ne se répète pas à l’infini. » Les quasi-cristaux étaient nés et, avec eux, un nouveau paradigme. Quelques mois plus tard, Shechtman, Blech, Gratias et Cahn signent, dans la prestigieuse Physical Review Letter  le papier qui fera date.

 

Communiqué de presse de  l'Académie des Sciences - élections 2019

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